Océan & climat

Damien Desbruyères, médaillé du CNRS

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Portrait de Damien Desbruyères

A 37 ans, Damien Desbruyères a reçu le 15 février dernier, la médaille de bronze du CNRS.

Chercheur au laboratoire d'Océanographie Physique et Spatiale au Centre Ifremer de Bretagne à Plouzané, Damien Desbruyères a reçu la médaille de bronze du CNRS, pour ses recherches sur la circulation océanique et ses impacts sur le climat. Il est aussi chef de mission de la campagne CROSSROAD qui se déroulera cet été à bord du navire Thalassa de la Flotte océanographique française opérée par l'Ifremer et sa filiale d'armement, Genavir.

La médaille de bronze du CNRS récompense les premiers travaux de chercheurs qui font avancer la science, et les encourage ainsi à continuer sur cette lancée. Damien fait partie de la quarantaine de médaillés de bronze qui se verront remettre leur médaille lors d’une cérémonie à l’automne.

« Je suis très honoré par cette invitation à poursuivre mes recherches sur le fonctionnement de l’océan Atlantique nord et son évolution récente. Un grand merci à tous mes collègues qui y contribuent largement ! » Damien Desbruyères, chercheur au laboratoire d'Océanographie physique et spatiale (LOPS – UMR CNRS-Ifremer-IRD-UBO)

La campagne CROSSROAD dans le viseur

Ses recherches visent une meilleure compréhension de la dynamique océanique à grande échelle. Pour ce faire, il analyse notamment les mécanismes régissant la circulation de l’océan Atlantique Nord et ses fluctuations interannuelles, décennales, et multi-décennales, ainsi que son impact sur l’évolution des températures régionales dans le contexte du réchauffement global. « Comment les grands courants de l’océan Atlantique Nord redistribuent la chaleur, comment est-ce que cela fonctionne ? J’étudie notamment la circulation méridienne de retournement Atlantique (AMOC), une composante importante de la circulation globale qui transporte les eaux chaudes vers le nord dans les couches de surface, et les eaux froides vers le sud en profondeur. »

C’est avec cet objectif que Damien Desbruyères dirigera cet été du 19 juillet au 10 septembre à bord de Thalassa la campagne océanographique CROSSROAD. « Nous nous rendrons dans la région de Terre-Neuve à l’Est du Canada. C’est une région clé, car c’est là que les grandes veines de courant d'eau chaude et d'eau froide se rencontrent, où les dynamiques des bassins subpolaires et les bassins subtropicaux se connectent », explique-t-il. « Nous allons faire des mesures en amont et en aval de cette zone pour étudier le trajet pris par les masses d'eau. Comment est-ce qu'elles se mélangent, interagissent, et se propagent au-dessus des pentes continentales ? Cette campagne s’inscrit aussi dans un effort européen (le projet EPOC) qui vise une meilleure compréhension de l’AMOC, et notamment de sa cohérence entre bassin subpolaires et subtropicaux. L’année dernière, nous avons déployé sous pavillon allemand des mouillages au nord et au sud cette fameuse « zone de transition » de Terre-Neuve. Ce sont de grandes lignes instrumentées pouvant aller jusqu’à quatre kilomètres de long sur lesquelles sont mesurés les courants, la température, et la salinité pour une durée de deux ans. Nous allons aussi déployer au cours de la campagne une douzaine de flotteurs Deep Argo et un nouveau mouillage développé dans notre laboratoire pour nous renseigner sur la turbulence océanique à toute petite échelle. »

Rosette CTD

Mise à l’eau d’une rosette, préleveur d’eau multi instrumenté permettant de prélever des échantillons d’eau et d’acquérir des données physiques et chimiques tout le long de la colonne d’eau. Cet instrument sera déployé au cours de la campagne CROSSROAD

Un parcours entre Brest et Southampton

Originaire de Brest, Damien Desbruyères y fait la très grande partie de ses études de sa licence de physique à son master recherche Physique et Mécanique des Milieux Continus (option Océan-Atmosphère) à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO). Après un « master of science » en océanographie obtenu à l’université de Southampton, il décide de réalise sa thèse à l’Ifremer au Laboratoire de Physique des Océans (LPO, désormais LOPS), où il étudie la circulation et l’hydrographie de l’océan Atlantique Nord et sa variabilité décennale via la modélisation numérique et les observations in situ. Son doctorat en poche, il retourne à Southampton pour quatre années de post-doctorat au National Oceanography Centre (NOC), où il s’intéresse à l’étude du climat global et en particulier du contenu de chaleur océanique, avant d’être recruté au LOPS en 2017.